Formé en septembre 1990 (sous le nom de CANDLE), CARMINE s’est composé autour d’Isabelle Andres (chant, guitare) et Julien Retaillaud (chant, guitares, arrangements…)
* MIS A JOUR LE 16 JUIN 2020 *
30 ans après, la première démo de CANDLE, BEGINNING BLUE UNCUT, est enfin disponible sur Bandcamp pour la modique somme de €8 : https://candlefr.bandcamp.com/releases
DISCOGRAPHIE :
Candle – « beginning Blue » – 1992, Lithium records –
EP 4 titres enregistré par Isabelle et Julien.
Suite à l’arrivée d’Eric Jumbert (basse) et Nicolas Gaultier (Batterie), Candle devient Carmine.
Etincelle du brasier britannique noisy pop / shoegazer (remember Ride, MBV, Earwig ou Revolver) apparue de l’autre côté de la Manche, Candle ne brûlera qu’un ep, Beginning Blue (92) estampillé Lithium 04, juste après le magistral La Fossette de Dominique A, Lithium 03.
Candle se consume et laisse au jour nouveau Carmine qui donne naissance à un premier album Visual en 93, sur leur propre label Karina Square. Julien et Isabelle sont alors très marqués d’influences indie héritées en Angleterre ou sur les terres de Sonic Youth.
Arrivé à un cap, le trio décide de s’enfoncer vers des terres inconnues hors de l’indie-rock qui commence à s’enliser dans le conventionnel, c’est le complet déclin de la vague shoegazer et bientôt feulent aux portes les pauvres tenants de la new wave of the new wave et de la calamiteuse brit-pop.
Carmine navigue désormais à grands coup de rames vers les eaux vierges du post-rock.
La barque de Lumielle (95) croise les sillages de Katerine, Pascal Comelade, Collection D’Arnell Andréa ou surtout Movietone, le tout avec une sensibilité digne héritière de l’indie jadis florissante mélangée à des troubles flash en provenance de Sonic Youth ou du Birthday Party. Ils semblent alors à la recherche de buts ultimes, comme des repères (How did we live here), des paysages isolés (Quadrille) dans une sensation de fadeur et de langueur (Le sommeil).
Carmine appelle au calme et au repos et non à l’oubli, propose ses chansons comme remèdes à l’agitation, aux gesticulations communes à ses voisins d’armes. En cela Carmine porte en application par A+B un axiome de la démarche post-rock en opposition à l’indie traditionnel :
le refus de la nécessité de la pop song parfaite et de toutes les soi-disant vérités qui l’accompagnent :
tu choisiras la structure couplet refrain ;
tu viseras à la radiophonie ;
la lenteur tu fuiras ;
conventionnellement tu joueras.
Pas de cela chez Carmine pas plus que chez Mogwai, Purr ou Tortoise. Carmine joue de la voix, des deux voix, celles d’Isabelle et de Julien et des langues, l’anglais, le français ou l’allemand. Guitaroncelle, piano, vibraphone, balafon, mélodica et chimes viennent épauler ou remplacer les traditionnels guitare, basse, batterie, clavier. Sur So beautiful, le chant double d’Isabelle s’affronte. D’un côté Kate Wright (Movietone) et de l’autre Kim Gordon (Sonic Youth) toutes deux porteuses d’un malaise similaire mais exprimé par chuchotement ou cris.
La perle de Lumielle s’impose, Non ne discute pas la vérité inspiré d’un poème de Marina Tsvétaïeva seule alternative recensée à l’obsédant Heatwave Pavment de Movietone.
Deux années passent alors où Carmine ne laissera qu’un split single sur Orgasm Records avec Hood, le probable futur hype de Domino.
Avec Départs (97) sorti en août suit une crise qui mène à la probable dissolution du groupe.
Départs s’identifie rapidement à une nette avancée du groupe, de nombreux disques semblent avoir croisé leurs platines, entre autres ceux de Long Fin Killie ou de Jean Bart.
Carmine a pris le temps d’habiller, de colorer son univers et gagne en franchise. On a l’impression que le groupe à mieux défini et cerné ce vers quoi il tend : exprimer la musique d’un instant, celui d’un battement de paupière, de la fermeture à l’ouverture de l’œil, là où toute perception de la réalité est distortionnée.
Départs gagne en cohérence et chacune des chansons à son existence propre, chacune est une destination différente possédant une origine commune.
La sensibilité de Carmine est tellement forte que toute convention, toute tentative d’inrockuptibilisation la pervertirait.
Départs est un accomplissement suffisant pour que dans dix quinze ans, des groupes fondamentaux en revendiquent l’ascendance. Vous voilà prévenus.
Si peu de choses à dire, mais tellement à partager à partir du moment ou notre sensibilité s’ouvre à la leur.
Après un premier album fabuleux que la critique rattacha au post-rock, Carmine évolua dans un format davantage "chanson" sur Lumielle, où le français fit son apparition avec naturel. Départs poursuit sur cette lancée et séduit mieux que son prédécesseur.
Depuis ses débuts, il y a cinq ans, le groupe a développé un style original, invitant sur ses chansons aux structures harmoniques et vocales recherchée des instruments acoustiques. Basse et guitare, soutenues par une batterie en finesse à la Steve Shelley et accompagnées de violons, flûte, trompette et piano, constituent la texture riche sur laquelle vient se poser le chant d'Isabelle et de Julien, aux voix douces et fragiles, tels Nicolas et Pimprenelle au Pays des Névroses. En effet, l'univers de Carmine est plutôt torturé- ils mettent Bukowski en chanson - et, parmi les textes existentialistes, ils n'hésitent pas à aborder la folie en toute intimité sur Maintenanttais-toi. Le trio est ainsi toujours sur le fil du rasoir entre son côté pop et son penchant pour l'expérimentation, qui l'amène parfois à charger un peu l'orchestration (le piano très bavard sur Personne, toi non plus ? ), ou le chant (avec l'utilisation parfois trop systématique de la voix parlée). Là où ils séduisent sans retenue est quand la musique se met au service de mélodies limpides, comme sur When you go et son violon étourdissant ou Si peu de choses à dire qui clôt l'album sur une note sereine. Comment résister aux entrelacs de guitare et au tourbillon de Lumielle ? A la montée aux guitares incisives de Véronique ? Avec de tels arguments, Carmine touche droit au cœur. Christophe Van Ceunebroecke
Anticonformiste au possible, Carmine peut se targuer d'être, en France, l'un des seuls représentants d'un musique décomplexée des stéréotypes pop anglo-saxons. A l'époque de leur premier album (Lumielle -!!!- en 95), Carmine jouait du post-rock sans le savoir, et surtout sans ce que ce soit la "mode". Aujourd'hui, rattrapé par la meute (Diabologum, Ulan Bator et consorts), Carmine reste fidèle à ses idées mais n'a pas su profiter de son statut de précurseur : Départs est certes un très bon disque mais n'est pas l'album marquant que notre duo fatidique aurait dû nous faire parvenir. Ces détails, sûrement plus imputables au manque de moyens qu'au manque d'ambition, n'empêchent pas les huit titres délivrés ici de surprendre par leur construction : guitares et basse aux lignes harmoniques différenciées et vocaux souvent à l'unisson, parfois en contre-chant, le tout exécuté dans une ambiance proche de l'abattement, donne une idée de leur originalité. Mélodiquement instable, Carmine réussit quand même des refrains mémorables (When you go, Silver) et surtout s'entiche, avec Si peu de choses à dire, d'une vraie chanson, vision idéale d'un Dominique A border line. Ne reste plus maintenant qu'à se faire connaître au-delà du cercle des initiés. Ce qui, à l'évidence, constitue pour eux un effort surhumain. Hervé Crespy 4/6
Carmine épouse depuis quelques années une trajectoire atypique, brièvement entamée sous le nom de Candle et fuyant comme le choléra tout ce qui s'apparent de près ou de loin à un conformisme ou à une démission. Profondément convaincu du bien-fondé de sa petite entreprise musicale, ce trio de partisans de l'audace n'est pas du tout genre à baisser les bras mais bien plutôt à lever le camp et partir explorer sans répit de nouvelles contrées, d'où il envoie cette troisième carte postale, Départs. Son titre traduit au plus juste l'état d'esprits animant Carmine et en indique fidèle la teneur : chaque morceau peut ainsi se concevoir comme une escale au cours d'une quête patiente et jamais laborieuse qu'aucun repère ne balise que rien ne semble en mesure de freiner. D'une cohérence infrangible, l'ensemble, couronné par le fulgurant Si peu de choses a dire, jouit d'une évidente faculté d'envoutement. On insistera en premier lieu sur la richesse du travail, d'une complexité ne sombrant à aucun moment dans un amphigouri fatal, effectué sur la texture sonore et en particulier sur les voix, qui se superposent, se bousculent, se perdent, se font désirer et nous parlent plus que beaucoup d'autres. Peut-être en raison d'une prédilection marquée pour l'usage de motifs répétitifs, on pense parfois à Stereolab - mais alors un Stereolab soudain devenu vertébré. Reste à espérer que ce Départs en fanfare contribue à élargir le cerlce des intimes qui, pour être happy, n'en reste pas moins few. Jérôme Provencal
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Depuis leur superbe second album, Lumielle, sorti voici déjà deux ans, nous attendions un successeur digne du joyau concocté par Carmine. C’est enfin chose faite, et c’est étrangement sur Lumielle, morceau dont est, sans aucun doute, tiré le titre du précédent album, que s’ouvre Départs. D’entrée, le ton est donc donné, puisque le spectre du deuxième album de Carmine traverse leur troisième album de part en part. Musicalement, Carmine n’a plus rien a prouvé et nous a montré par le passé son étonnant savoir-faire, à manier toutes sortes d’instruments aux noms parfois étranges, toujours mélodieux à nos oreilles, à utiliser les arrangements comme d’autres respirent. Ce troisième album semble moins prolixe de tels instruments et arrangements, et pourtant on lui trouve une indéniable parenté avec son prédécesseur, le son y étant évidemment pour beaucoup. Les textes, plus audibles que par le passé, sont forcément moins obscurs, mais n’en sont pas pour autant moins glauques, contant des histoires de couples qui se déchirent, et qui n’ont plus rien à se dire (Personne, toi non plus, Si peu de choses à dire, Maintenant tais-toi... ). Comme à son habitude, le temps d’un morceau (This then), on retrouve le goût du groupe pour les poètes étrangers, avec ici un texte de Charles Bukowski. Ce morceau est d’autant plus étonnant qu’on y entend des "Catherine Wheels", ces fusées pyrotechniques qui nous sont chères les jours de Fête Nationale, et le son d’une trompette, instrument inédit chez ce groupe de post-rock national. Carmine n’en finit pas de damner le pion à bon nombre d’autres groupes qui ont de grandes leçons de musique à apprendre. Départs n’est pas un album aussi surprenant que Lumielle, mais qui s’écoute avec tellement de plaisir ! Pascal Bérest
Le rond central
La première page du livret
La deuxième page du livret
Le livret
3 morceaux extraits de l'album Départs (Karina Square/Semantic)
La biographie du groupe à l'occasion de la sortie de l'album LUMIELLE en 1995
Formé en septembre 1990 (sous le nom de CANDLE) , CARMINE se compose de Isabelle Andres : chant, guitare, piano ; Julien Retaillaud : chant, guitare, tous instruments ; Théo : batterie.
Mars 1992 voit la sortie sur le label LITHIUM de leur premier CD 4 titres, Beginning Blue. Décrit par le Melody Maker comme "gloriously scratchy, blurred, stoned, hazy, disorienting, claustrophobic and enchanting" (!), ce EP prouvait qu'un groupe français, inspiré à la base par des artistes tels que My Bloody Valentine ou Glenn BRANCA, pouvait en dégager un style personnel et attirer l'attention des deux côtés de la Manche.
Entre temps, CARMINE change de nom pour cause d'homonymie avec un groupe anglais et crée sa propre maison de disques, KARINA square, sur laquelle est sorti en mai 1993 leur premier LP Visual. Les 12 chansons de ce disque, décrites comme "fuyantes et fascinantes comme des gouttes de mercure", sont conçues comme l'expression d'images intérieures, d'où le titre de l'album. Les guitares sont toujours dissonantes, mais rarement saturées, et au détour d'une mélodie murmurée vient parfois se greffer un orgue aérien ou ... une sirène d'ambulance. "Calme et oppressant", "doux-amer", "à la fois ensorcelante et dérangeante", tels sont les mots qui reviennent le plus souvent pour décrire l'atmosphère de cet album.
Puis, en avril 1994, sort le 45trs single A Larger Sea, réalisé en collaboration avec le label espagnol Acuarela Records, qui voit, à la traditionnelle base guitare/basse/batterie, l'adjonction d'instruments plus surprenants, comme la flûte ou le violoncelle, et où CARMINE prouve, une fois encore, qu'il est possible d'allier expérimentation et mélodie.
Avec son nouvel album, Lumielle, CARMINE élargit encore le registre de son inspiration: les voix féminine et masculine se répondent ou se marrient en chantant indifféremment en français, en anglais, voire en allemand ; la guitare basse laisse la place au piano ou au violoncelle, le melodica ou le vibraphone tentent de rivaliser avec les guitares. La mélancolie naît parfois du rythme répétitif et dansant d'un "Quadrille", mais jamais de l'ennui. Isabelle, Julien et Théo passent ainsi d'un morceau aux sonorités douces et étranges comme "Tenebrae", à la violence d'une reprise d'un groupe de "white noise", ou encore redessinent avec les violons du "Sommeil" les contours d'une nouvelle approche de la chanson en français, avec comme seuls fils conducteurs l'émotion et la sensibilité.
– Ce court texte accompagnait les exemplaires promotionnels de l’album « Lumielle » (1995).
"Ca aurait pu commencer d'une autre façon, de mille façons même ; l'essentiel est que j'avais l'impression de le vouloir de toutes mes forces. Mais, en tout cas, ça ne pouvait se terminer que d'une seule finalement.
Tout le temps que ça avait duré, j'avais eu peur d'avoir mal. J'y pensais de plus en plus et j'en étais de plus en plus sûre. Et maintenant, voilà, j'avais mal, horriblement mal. La douleur, qui au départ était concentrée sur un seul point, franche et nette, devenait de plus en plus intense et irradiait à partir du bas-ventre en ondes concentriques. Immersion dans une mare stagnante, puis respiration. L'impression que l'air s'épaississait à chaque reprise de souffle.
Je fixais la lumière qui finissait par se concentrer en un point immensément brillant mais s'éloignant au fur et à mesure de mes efforts pour ouvrir les yeux. Mais est-ce que j'avais envie de voir tout ça finalement?
Un moment, j'ai cru que j'avais crié, puis que je ne pourrais plus jamais ouvrir la bouche. Pourtant, la pièce était remplie d'un halètement de bêtes fauves, tapies, prêtes à déchirer mes entrailles déjà tordues par des spasmes de plus en plus nombreux.
J'ai hurlé, je voulais partir, tout arrêter, non mais quelle bêtise j'ai faite, je regrette, je ne veux pas, je ne veux plus...
Puis, au milieu de toute cette souffrance, de toute cette douleur, alors qu'un liquide chaud et poisseux s'écoulait de mon corps, j'ai senti comme un bruissement d'ailes très doux entre mes jambes, une caresse fraîche semblable à l'effleurement d'un papier de soie, là où la bête mordait pourtant le plus férocement.
Et je fermais les yeux quand Lumielle les ouvrit au monde." (in "Lumielle" - Alice CALVERT - 1991)
On cesse d'entendre et de voir quand on a perdu le sentiment de soi-même. C'est pour ça qu'il faut encore et toujours des preuves qu'on existe encore. Sur ce nouvel album, Lumielle, il faut chercher ces phrases parmi toutes ces pistes de voix de morceau f.i.r.m. , ce cache-cache sonore qu'affectionne tant Godard. Se livrer d'autant plus que l'apparence reste mystérieuse, à l'image de cette pochette basée sur une photo de film muet japonais et représentant une danseuse (?) désarticulée. Carmine poursuit son bonhomme de chemin entre velléités jazzy et mélodies humaines intemporelles. Sur un poème de Paul Celan, Tenebrae débute l'album avec le chant très pur d'Isabelle, comme l'écho lointain d'un Lied mystique soutenu par l'utilisation d'un balafon (instrument de musique à percussion d'Afrique Noire). La guitare slide de l'évident single How did we live here, le violoncelle du Sommeil, la valse sublime de Résonance du vide, la ritournelle de So beautiful (des Flaming demonics) ou encore le piano clin d'œil à Bach (dans la nouvelle version de Non, ne discute pas la vérité), sont autant d'indices témoignant de la progression du groupe. Progression évidente par rapport au premier album Visual, tant dans le travail sur les arrangements que de par la diversité des instruments utilisés (chimes, vibraphone, melodica, guitaroncelle).
La musique de Carmine s'affirme de plus en plus dans un registre personnel qui, en ces temps d'ouverture musicale, devrait leur permettre de gagner les faveurs d'un public plus large (la présence de quatre morceaux en français allant dans ce sens). Pourtant, on les sent proches de la rupture. Lumielle semble en effet avoir été enfanté, au sens douloureux du terme, dans un mélange de joie et de peine. Quand l'amour et la musique ne parviennent pas à effacer le sens d'une douleur originelle vague ; une très lointaine douleur que l'on tait, dont on ne veut pas connaître l'origine.
La musique de Carmine, dans sa beauté, renvoie à une incapacité à vivre dans le monde, une vie qui s'apparenterait plus à un métier dirait Pavese. Lumielle est un album qui prend au cœur, pour ne pas dire aux tripes. Il semble toucher une vérité propre aux sentiments, à travers une cicatrice intérieure. Certains cherchent un exutoire par la violence musicale, d'autres, certes, peuvent trouver cette démarche veine et futile. Ou peut-être Carmine n'en a-t-il tout simplement plus la force, et laisse-t-il ainsi échapper quelques ultimes souffles.
Dominer sa respiration, se maîtriser et le souffle sera porteur d'une lente clarté. Une clarté diffuse, qui n'est pas tout à fait aussi aveuglante que celle de Venise, mais qui aspire à le devenir. "Cela commence toujours ainsi, mais le sommeil n'est pas la solution," cette phrase du Sommeil semble répondre à cette question que posait Maurice Pinget dans son livre sur le sens du savoir-vivre japonais : "Ne peut-on qu'en cessant d'être, s'assurer de ce qu'on était ? " Vivan(e) Vog
A la question : le rock en France peut-il surprendre et divertir, Carmine répond oui sans hésiter. Nulle auto-complaisance pour Isa, Théo et Julien, surtout pas cette monotonie d'accords stéréotypés, ni le pompage coutumier de gimmicks en vogue chez les anglo-saxons pour palier une inspiration défaillante. Carmine s'auto-suffit et développe en une seule chanson dix fois plus d'idées qu'un album entier de Welcome to Julian (condoléances).
Lumielle, outre son désengagement volontaire, est un véritable jeu de pistes pour qui voudrait répertorier ces inclassables. Au mieux, et pour ne pas leur faire trop de peine, on se contentera d'évoquer une filiation avec Can et le légendaire Tago Mago. Chaque titre de l'album est un Mécano subtil où les musiciens ne suivent jamais le plan indiqué sur la notice de montage. Vibraphone, violoncelle et piano sont souvent conviés à participer à cet édifice fragile de chansons désorientées, un équilibre rendu d'autant plus précaire par des vocaux mal assurés ou mal à l'aise. Le propos reste toujours sombre, presque "new-wave" dans son obscurantisme, de même que les sonorités y sont souvent déconcertantes. Quadrille ou Le sommeil dévoilent d'ambitieux labyrinthes, tandis que Beautiful révèle une sensualité de glace et Music Hall clôt avec douceur cette promenade de zombie au sein de l'underground made in France.
Avec Lumielle, Carmine se garde bien de révéler son étrange alchimie, entre expérimentations sur le fil et mélodies à l'abandon. Combien de groupes en France peuvent se vanter d'avoir un jour ou l'autre intrigué leur auditoire ? Hervé Crespy 5/5
webzine et voila le travail
Au début des années 90 le label londonnien Too Pure sortait chef d'oeuvre sur chef d'oeuvre : Pram, Moonshake et les Long fin Killie expérimentaient chacun aux frontières de la pop, du Kraut Rock et du Jazz.A la même période, les français de Carmine écrivaient un album incandescent avec les mêmes ingrédients, pour un résultat fascinant d'atmosphère tendue et de poésie troublante.
le verso de la pochette
le rond central du cd
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2 morceaux extraits de l'album "Lumielle"(Karina Square/Semantic)
Depuis son fort bel album, Carmine était fort discret. Aujourd'hui, ils reviennent par une porte dérobée le temps d'un single enregistré en collaboration avec le mini-label espagnol Acuarela. Trois titres mystérieux et aériens, minimalistes et passionnants. A larger sea, chanté par Julien et Isabelle en dialogue de sourds, est une fausse comptine où une flûte berce tranquillement l'auditeur avant le reveil en sursaut d'un final apocalyptique. Non, ne discute pas... allie fausse candeur et intelligence alors que Today is a wide place surprend par l'emploi d'un xylophone, oppresse puis charme. Jamais très loin de Pram, Carmine confirme ici son ingéniosité et prouve, une fois encore, que l'on peut allier expérimentation et mélodie. Timothey Toonay
One year after their debut album, “Visual”, and one year before their second one “Lumielle”, the French band Carmine released this 7 inch as the third release on the – at this time – emerging Spanish label Acuarela. It is here that Carmine started to build their myth as a precious, original, melancholic, subtle, underestimated and understated band, and each of these three songs are already good reasons for that. The title track sounds is on the same wavelength with the kind of music UK bands like Stereolab, Pram or Long fin Killie were releasing at the same time. The best song here is absolutely “Non”, Isabelle and Julien sing in French but if you are not attentive you won’t notice it’s in French, the music is quite simple and minimal, with a delicate tension that can also recall the early days of Movietone and Hood, with cold ethereal ambiences and an almost slowcore structure. The last song “Today is a wide place” is laid-back, lo-fi and happier and reminds me of The Pastels. Didier Goudeseune - 13 Jul 07
Carmine (formerly Candle) owe a debt to Pram in the way they turn low-key into slightly unsettling, and their use of what sound like toy instruments and a cheap casio; their quiet power also stands out on its own. Two songs are in English, one in French; whatever the language, lyrics are barely audible. - Elisabeth Vincentelli
Nothing I've ever heard from Spain prepared me for the feather-light loveliness of this little platter. Fragile femme and sulien male vox intertwine around an introverted guitar strum brightened by flute and violin filigree. You've probably heard it before, but who cares, when it's done so well ? Bill
Le recto du 45t / 7"
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2 morceaux extraits du EP "A Larger Sea" (Karina Square/Acuarela records) dont la version rare du morceau "Non ne discute pas la vérité" qui figure sur l'album "Lumielle" sorti en 1995.
Pas de chance pour Candle : quand sort leur premier single, le groupe se voit contraint de changer d'identité. Contrôle, papiers. Un groupe anglais porte le même nom. Candle devient Carmine, comme ca, "parce que c'est compréhensible en anglais et en français. Il n'y a pas vraiment de raison."
Pas de chance pour Carmine : le groupe perd son label et n'envisage pas d'en trouver un autre, pas en France. Karina Square sera créé pour Visual, premier album de Carmine. Drôle d'album. Les chansons commencent souvent comme des comptines pour faire dormir les enfants. Des voix chuchotées et des guitares paisibles, juste un peu étranges. Mais les petits bercés par Carmine feront des rêves torturés. Un monde s'anime : sous une bulle minuscule, David Lynch convoque Sonic Youth et Can pour une jam de nains. Farandole insensée.
Pendant ce temps-là, Carmine s'énerve sèchement sur ses guitares. Le garçon chante désinvolte et comme s'il s'excusait. Les syllabes glissent jusqu'à terre. La fille, très douce, chante clair et haut et ouvre les fenêtres de cette musique à la chaleur blanche.
Drôles de chansons, fuyantes et fascinantes comme des gouttes de mercure. Quand on se réveillera, la guitare de Destruction of the heart sera encore là.
Passé inaperçu pour on ne sait quelle raison, le premier album des parisiens de Carmine est pourtant un morceau de bravoure en regard du paysage musical français.
Avec pour base, une basse, des guitares, une batterie, Visual redessine les contours d'un rock minimal et dynamique, urgent et répétitif.
La réussite de Mary, Mary, So Contrary de Can aurait du à elle seule déchaîner les passions.
Le verso du CD
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3 morceaux extraits de l'album "Visual"(Karina Square/Semantic) dont la reprise de Can "mary mary so contrary"
La biographie du groupe la sortie de leur premier disque, sorti sur Lithium Records en 1992.
Formé en septembre 1990, CANDLE se compose de : Isabelle : chant, guitare, basse, mini-moog ; Julien : chant, guitare, basse, batterie, moog, tambourin-.
Notre travail s'est d'abord concentré sur l'enregistrement d'une maquette 8 titres qui a débouché en septembre 1991 sur une signature avec le label LITHIUM (maison de disques de Lucievacarme et Dominique A.), distribué par DANCETERIA.
Notre premier CD 4 titres, Beginning Blue, enregistré en novembre 1991 à PARIS, sort donc aujourd'hui. Nous avons entièrement enregistré et produit ce disque à nous deux. Parallèlement, nous nous produisons également sur scène, entourés d'un bassiste et d'un batteur.
Musicalement, nous associons un chant plutôt doux à une musique plus dure et "bruyante" tout en privilégiant les mélodies et les sonorités non classiques. A l'intérieur de vraies chansons, nous intégrons des passages plus DISSONANTS ou élaborons des structures non conventionnelles.
Influencés à la base par des groupes anglais tels que My Bloody Valentine, nous nous inspirons Aussi bien de Birthday Party pour les structures et la rythmique que de Sonic Youth pour l'ambiance et l'émotion, voire de Can dont nous reprenons le "Mary, Mary, so contrary".
BEGINNING BLUE CD LI004
LITHIUM RECORDS
Le verso du EP
Le rond central
La totale
- La chronique paru dans le MelodyMaker du 4 avril 1992 -
THIS may be a far tinier creation (pun intended) than the above -Twisterella de Ride (Creation)-, made in France on a shoestring by a pair called Isabelle et Julien, but on Beginning Blue the intrepid record-buyer is treated to precisely the sort of pleasures Ride should be effortlessly, endlessly capable of by now : No Eyes makes an enchanting, claustrophobic little noise, the title track is gloriously scratchy, Burning Blind is blurred, stoned, hazy, disorienting -remember those ?- Harmony sees the unknown duo playing Kevin and Bilinda Valentine in a Gallic production of "Isn't anything". Candle aren't weighted down by pressure and expectation, and so casualy startle and surprise. Maybe anonimity is bliss.
L’état de grâce que peuvent atteindre les groupes shoegaze se situe exactement là, à 3 min 36 de « No Eyes », lorsque le rythme ralentit et que les guitares s’effacent pour céder la place à une lente coulée de voix célestes et innocentes qui finira par s’éteindre progressivement, alors que la chanson avait pourtant évoqué une banale construction à base de saturations acérées et de rythmes répétitifs et entêtés.
La magie résulte de la combinaison, troublante, antinomique, de la section batterie/basse très groovy, et du chant, lymphatique. Jamais roulement de caisse n’avait autant suscité le désir de secouer la tête dans tous les sens. Pris dans ce vertige, les sens s’égarent, on est proche du vertige et les douces voix de Julien et Isabelle traversent alors l’esprit comme s’il s’agissait d’apparitions, qui viendraient de loin et qui donneraient l’impression de flotter.
L’entrée en matière met ainsi dans les meilleures dispositions, les guitares lentes, saturées et saignantes n’ont plus qu’à englober l’auditeur et le plonger dans une atmosphère très étrange, vaguement floue et vaporeuse. Le duo de voix, semi-chantées, semi-parlées, sur « Harmony » sème la confusion. Et tout le jeu est basé sur le contre-pied, que ce soit par l’utilisation d’un rythme sans cesse sur le fil ou sur les coupures incessantes d’éclairs noisy. Les boucles harmoniques, l’apparition d’un tambourin et les superpositions de saturations ne font que concourir à l’effet hypnotique que procure Candle.
Les titres prennent alors plus d’ampleur pour insuffler un courant planant à l’œuvre. Une évasion qui permettra de s’évader de la chape de plomb que représentent la vie quotidienne et ses astreintes. Le désir d’un monde sans douleur (on se rappellera du poème laissé par Isabelle sur un des albums de Carmine où elle parle de sa première expérience sexuelle comme d’une souffrance étouffante) qui pourra être atteint au travers la quête des plaisirs. Et le paradoxe sera d’autant plus étonnant que les plaisirs naîtront justement de la douleur (Isabelle compare l’orgasme à « un bruissement d’ailes très doux » à l’endroit même où « la bête mordait le plus férocement »).
Confronté à la réalité que l’épanouissement adulte ne peut être complet ou ne peut être délaissé de certaines désillusions, notamment celui des limites corporelles, l’individu ne peut que chercher refuge dans l’art et la musique. Seuls champs apparemment sans limite.C’est vers cela que se tourne Candle, un certain esprit transcendantal, encore naïf et juvénile, mais qui ne manque pas d’audace.
A l’instar des nombreuses dissonances qui parcourront les sept minutes de « Beginning Blue ». On devine ici même les aspirations futures du groupe et qui emmèneront Carmine, leur projet à venir, vers des sentiers proche du kautrock et des nuisances sonores de Moonshake ou Pram. Cette recherche de la déstabilisation sonique s’accompagnera d’une nonchalance dans le chant qui marquera là, une volonté délibérée de se noyer dans sa propre musique, pour s’y étouffer (on retrouve aussi ces idées de claustrophobie corporelle dans les poèmes d’Isabelle) et déclencher ainsi l’exaltation. Cela est particulièrement flagrant lorsque le chant d’Isabelle, mutine, se répétera inlassablement, et que les guitares ne cesseront de jouer avec les coupures, avant qu’une déferlante de sons ne vienne conclure le morceaux.
Et ce recouvrement sonore, ce remplissage obsessionnel, ne tire sa source que du désir compulsif de s’astreindre de toutes règles formatées et de créer des courts-circuits dans le cerveau. Pour se déconnecter un court instant de son corps. En sachant très bien que l’entreprise sera inutile, tout au mieux éphémère.
Dès lors, de ce constat d’échec assumé, une certaine mélancolie s’installe et vient se lover au cœur de ce marasme désabusé, à l’instar de la voix d’Isabelle sur « Burning Blind », emphatique et d’une légèreté inégalable, qui s’immisce dans les entrelacements de guitares dissonantes et d’arpèges tristes et espacés. La lenteur de cette complainte élégiaque noisy prendra une ampleur telle qu’elle pincera le cœur. Là, au détour d’une voix, d’une harmonie d’accords de guitares, d’une superposition subtile, on pourra y trouver des motifs gracieux.
L’évasion n’en sera que plus belle. Victor Provis
3 morceaux extraits du ep "Beginning Blue" (Lithium/Virgin)
« Candle, y a rien ! Y a rien !! Y a pas une idée nouvelle ! ».
Les mots d’Arnaud Viviant, lâchés sur France Inter, le 18 mars 1992, alors que Bernard Lenoir venait de diffuser « No Eyes », sont durs. Et résumeront pour une large partie la façon dont la presse française accueillera le groupe. Pour le reste, silence absolu.Les groupes shoegaze se verront particulièrement reprocher leur apparent manque de panache, sans doute lié à leur obsession de recouvrir leur mélodie ou leur recherche d’expérimentation par des saturations. Et Candle ne déroge pas à la règle.
Malgré un bonne critique par le NME dans sa rubrique single lors de la sortie de leur EP « Beginning Blue », le groupe parisien ne rencontre que l’indifférence. Il faut dire qu’il sera difficile de s’imposer lorsqu’on signe sur un label indépendant comme Lithium, dont « Beginning Blue » ne sera que la quatrième parution, et que l’on sonne comme les groupes anglais shoegaze de l’époque.
D’ailleurs Viviant en tirera motif d’intransigeance : « Justement, il ne faut pas être indulgent avec les groupes français. Là, ça fait vraiment follow-up de Ride et Moose, et on ne veut pas de ça. On veut des groupes avec une réelle personnalité. ».
Ce premier enregistrement aura pourtant été l’occasion de découvrir la sensibilité de Julien et Isabelle, les principaux protagonistes de l’aventure, qui se sont rencontrés en septembre 1990 sur Paris alors que Julien jouait tout seul dans son appartement et que Isabelle était constamment déçue par les formations auxquelles elle appartenait. A eux deux, amateurs de noisy-pop, ils rechercheront dans une esthétique brouillée et discrètement animée par les dissonances et le travail sur le rythme, l’épanouissement de leur profonde mélancolie.
Des titres comme leur single « No Eyes » ou leur bruyant « Tears of blood », joué en concert à l'époque, provoquent à chaque écoute des frissons de plaisirs. Seulement, face à ces critiques, le couple, accompagné du batteur Nicolas et du bassiste Eric, se remet en question.
Les circonstances ne feront qu’accélérer les choses.
Candle étant déjà pris par un autre groupe, ils troqueront leur nom, pour Carmine, "parce que c'est compréhensible en anglais et en français. Il n'y a pas vraiment de raison." expliquera mollement Isabelle.
Quant aux relations avec le label nantais, elles deviendront de plus en plus tendues. « Nous avions déjà eu quelques accrochages avec LITHIUM concernant la sortie de Beginning Blue (pochette non conforme à nos souhaits, problèmes sur la promotion...). Après Beginning Blue, ces désaccords ont continué à s'amplifier : nous ne comprenions pas qu'un label soit-disant indépendant veuille nous imposer des contraintes d'une major (choix des titres pour l'album, critique du mixage, etc). ».
Pourtant tout s’explique, le label se rapprochant de Virgin Records. Excédé par des méthodes qui semblaient les museler, Isabelle et Julien décident alors de créer leur structure, Karina Square. « Après cette expérience, nous étions donc plutôt déçus et assez méfiants vis-à-vis des autres labels dits indépendants. Il nous a donc semblé que la meilleure solution pour garder la maîtrise de nos chansons était de créer notre propre label. ».
Profitant ainsi de l’occasion, le style du groupe évoluera petit à petit vers des contrées expérimentales. Ainsi, les opus parus sous le nom de Carmine, prennent une nouvelle direction, flirtant avec les recherches sonores propres aux groupes Krautrock ou des formations proches du jazz, jouant avec la langue anglaise ou française, testant des arrangements inhabituels pour le rock indépendant (piano, guitarocelle, violoncelle…). Ce fait de flotter au milieu de la musique, avec pour seule contrainte, de ne s’en imposer aucune, rappelle les travaux d’éclaireurs du post-rock.
Pas étonnant donc que le groupe soit proche de Flying Saucer Attack (autre groupe anciennement shoegaze), ait joué en première partie de Pram ou ait fait un split avec Hood.
L’approche s’éloigne des canons rock habituellement rencontrés. Elle dessine une évidente beauté (les chants d’Isabelle conservant leur pureté) mais qui n’arrive pas à cacher et à taire un profond malaise existentiel.Car des débuts shoegaze aux recherches de Carmine, c’est toujours cette même douleur, lancinante, qui finit par prendre aux tripes.
« Nous ressentons la création artistique (et même la création tout court) comme le reflet de la sensibilité de celui qui l'exprime, que ce soit à travers la musique, le cinéma, la poésie ». Et on revient dès lors toujours au même symptôme, qui a poussé le duo Isabelle et Julien à se lancer dans la musique : cette mélancolie tenace.
La quête de l’évasion permanente est un combat vain, et il n’y a rien de plus beau que d’entendre les plaintes de ces gens conscients de cette futilité.
Note : merci à Cocteaukid qui a permis à ce que ce groupe français ait place sur ce site.
The story of CARMINE started in September 1990 under the name of CANDLE. The band was originaly formed by Isabelle Andrès and Julien Retaillaud : Isabelle had already played in a few bands in Paris (but none of them very famous) and Julien was composing, alone in his small dorm room, until he eventually decided to look for other musicians with whom he could share his ideas about music.
For a whole year, CANDLE remained a simple "duo". Isabelle and Julien signed with LITHIUM, a French record company and recorded a mini-CD called "Beginning Blue" in November 1991. Described by the Melody Maker as "gloriously scratchy, blurred, stoned, hazy, disorienting, claustrophobic and enchanting", this EP attracted attention not only in France but also in England. It showed that, even influenced by Anglo-Saxon music (among which Sonic Youth and My Bloody Valentine to name two of them), a French groupe could still have a personal style, and be casually startling and surprising.
Just after the release of their "Beginning Blue" EP, Isabelle and Julien finally managed to find two other musicians who were able to understand and share their ideas and also to melt into the alchemy of CANDLE. Then, they prepared their first LP. Discovering that a Scottish band was already called CANDLE, they decided to change their name in CARMINE. In the meantime, they decided to create their own record company, KARINA SQUARE, and released their first album "Visual" under their label in May 1993. With this LP, CARMINE intended to express their own sensitivity and feelings in their music ; they have accomplished it with this very personal 12 titles album. These songs, "fleeding and fascinating as drops of quick silver" according to a journalist, are conceived as the expression of interior images, whence the album title. The ambiance of Visual has been describedby the French press as "bewitching and disturbing", "quiet and oppressive", on the verge of a waking dream.
Then, April 1994 sees the release of the "A larger Sea" EP, that comes from a collaboration between KARINA Square and the Spanish record label Acuarela. On this record, CARMINE still uses the guitars as a basis for bitter-sweet melodies and disonance experimentation but now the introverted guitar strum is brightened by flute and violin filigree and interwined fragile female and sullen male voices.
With their new LP, "Lumielle", released in May 1995, CARMINE have been streching farther the scale of their inspiration : the male and female voices answered to each other indifferently in French, English or German, the bass guitar is suddenly overpowered by a piano or a cello, the melodica or the vibraphone try to challenge the guitars... Bitter-sweet melancoly arises from time to time as Isabelle, Julien and Théo move from a soft-out of time song like "Tenebrae" to the iced violence of "So beautiful" or the sweetness of the violin on "Le sommeil", with only one creed to inspire them : emotion and sensitivity.
Que fait CARMINE lorsqu'il a fini d'enregistrer son nouvel album "Lumielle"? : CARMINE écoute des disques.
Oui mais lesquels, quand et pourquoi? :
ROBERT WYATT "Catholic architecture"
A écouter en regardant le tableau de la pochette qui représente Wyatt dans son fauteuil, sa femme le regardant, au fond une plage et la mer derrière une baie vitrée. Croire alors qu'il a réellement enregistré ça dans sa boite en regardant la mer....
ARVO PART "Silouans song"
A écouter à moitié endormi en ne comprenant pas pourquoi ça s'arrête toutes les minutes puis risquer la crise cardiaque en se réveillant complètement à la troisième minute....Penser enfin que des violons peuvent être beaucoup plus violents que 10.000 groupes de hard-core.
SLINT "Washer"
A écouter entouré d'araignées géantes et féroces mais décider qu'on ira jusqu'au bout de la chanson sans se démonter, et s'apercevoir enfin que les araignées elles-mêmes sont subjuguées...
FUGAZI "Blue Print"
A écouter le plus fort possible en secouant la tête dans tous les sens et en n'ayant pas honte de faire la même chose que ces abrutis de fans d'OFFSPRING parce que, malgré les apparences, ça n'a rien à voir et que nous, on a raison.
YOUNG MARBLE GIANTS "N.I.T.A."
A écouter en état hypnotique et semi comateux, se laisser bercer par ces trois notes qui n'ont jamais été jouées et chantées de manière aussi profonde, léviter ensuite au-dessus du monde et le trouver bien vain.
ARCHIE SHEPP "Blasé"
A écouter en se faisant fouetter, trouver ça jouissif, se rassurer par la présence de ces deux accords de piano qui viennent et reviennent, se faire enfin achever pour son plus grand plaisir par un saxophone vicieux, strident et meurtrier.
NICK CAVE "The Whipping Song"
Une chanson à écouter en pleurant parce que c'est "une chanson pour pleurer", mais en se disant quand même qu'il n'y a pas de quoi pleurer sur Nick CAVE, puisqu'en fin de compte on écoute la chanson en boucle....
DOLLAR BRAND - Ibrahim Abdullah "Ntsikana's Bell"
A écouter en imaginant qu'on est dans un village d'Afrique, qu'Erik Satie arrive pour jouer du piano et que Pharoah Sanders ramène son orchestre. Se dire enfin que tout vient peut-être du blues!
DOG FACED HERMANS "From the top of the mountain"
A écouter en dansant follement et en ne sachant plus très bien si on est à New York à un concert d'Ornette COLEMAN et de SONIC YOUTH, en Ecosse devant une petite fille qui chantonne ou en Turquie devant un vieil orchestre kurde.
MECCA NORMAL "Throw Silver"
A écouter en se rappelant d'un concert ou d'une cérémonie indienne, on en sait plus très bien....Il y avait alors des choristes qui se lamentaient, un guitariste fou, une voix de sirène, du bruit, de la fumée, un silence de cérémonie, une troupe d'indiens qui formaient des cercles, des milliers de tambours qui se répondaient à travers les montagnes, de la grâce, de l'énergie lares, des animaux déchaînés, et puis...en fait il n'y avait là qu'un homme et une femme, seuls tous les deux.
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1 - Article paru dans le hors-série anniversaire (1990-2000) de la revue Magic
2 - En 1995, la revue Magic propose à Carmine une "Figure libre".
Ils vont en profiter pour écrire leur carnets de bord du 11 novembre 1994 jusqu'au 10 août 1995 c'est-à-dire de l'enregistrement de l'album Lumielle jusqu'à la préparation des concerts pour la sortie de l'album.
(paru dans le n°4 en Septembre 1995)
3 - Interview parue dans la revue Magic Mushroom n°5 à l'automne 1992.