Une biographie de Candle par le blog du Mouvement Shoegaze
« Candle, y a rien ! Y a rien !! Y a pas une idée nouvelle ! ».
Les mots d’Arnaud Viviant, lâchés sur France Inter, le 18 mars 1992, alors que Bernard Lenoir venait de diffuser « No Eyes », sont durs. Et résumeront pour une large partie la façon dont la presse française accueillera le groupe. Pour le reste, silence absolu.Les groupes shoegaze se verront particulièrement reprocher leur apparent manque de panache, sans doute lié à leur obsession de recouvrir leur mélodie ou leur recherche d’expérimentation par des saturations. Et Candle ne déroge pas à la règle.
Malgré un bonne critique par le NME dans sa rubrique single lors de la sortie de leur EP « Beginning Blue », le groupe parisien ne rencontre que l’indifférence. Il faut dire qu’il sera difficile de s’imposer lorsqu’on signe sur un label indépendant comme Lithium, dont « Beginning Blue » ne sera que la quatrième parution, et que l’on sonne comme les groupes anglais shoegaze de l’époque.
D’ailleurs Viviant en tirera motif d’intransigeance : « Justement, il ne faut pas être indulgent avec les groupes français. Là, ça fait vraiment follow-up de Ride et Moose, et on ne veut pas de ça. On veut des groupes avec une réelle personnalité. ».
Ce premier enregistrement aura pourtant été l’occasion de découvrir la sensibilité de Julien et Isabelle, les principaux protagonistes de l’aventure, qui se sont rencontrés en septembre 1990 sur Paris alors que Julien jouait tout seul dans son appartement et que Isabelle était constamment déçue par les formations auxquelles elle appartenait. A eux deux, amateurs de noisy-pop, ils rechercheront dans une esthétique brouillée et discrètement animée par les dissonances et le travail sur le rythme, l’épanouissement de leur profonde mélancolie.
Des titres comme leur single « No Eyes » ou leur bruyant « Tears of blood », joué en concert à l'époque, provoquent à chaque écoute des frissons de plaisirs. Seulement, face à ces critiques, le couple, accompagné du batteur Nicolas et du bassiste Eric, se remet en question.
Les circonstances ne feront qu’accélérer les choses.
Candle étant déjà pris par un autre groupe, ils troqueront leur nom, pour Carmine, "parce que c'est compréhensible en anglais et en français. Il n'y a pas vraiment de raison." expliquera mollement Isabelle.
Quant aux relations avec le label nantais, elles deviendront de plus en plus tendues. « Nous avions déjà eu quelques accrochages avec LITHIUM concernant la sortie de Beginning Blue (pochette non conforme à nos souhaits, problèmes sur la promotion...). Après Beginning Blue, ces désaccords ont continué à s'amplifier : nous ne comprenions pas qu'un label soit-disant indépendant veuille nous imposer des contraintes d'une major (choix des titres pour l'album, critique du mixage, etc). ».
Pourtant tout s’explique, le label se rapprochant de Virgin Records. Excédé par des méthodes qui semblaient les museler, Isabelle et Julien décident alors de créer leur structure, Karina Square. « Après cette expérience, nous étions donc plutôt déçus et assez méfiants vis-à-vis des autres labels dits indépendants. Il nous a donc semblé que la meilleure solution pour garder la maîtrise de nos chansons était de créer notre propre label. ».
Profitant ainsi de l’occasion, le style du groupe évoluera petit à petit vers des contrées expérimentales. Ainsi, les opus parus sous le nom de Carmine, prennent une nouvelle direction, flirtant avec les recherches sonores propres aux groupes Krautrock ou des formations proches du jazz, jouant avec la langue anglaise ou française, testant des arrangements inhabituels pour le rock indépendant (piano, guitarocelle, violoncelle…). Ce fait de flotter au milieu de la musique, avec pour seule contrainte, de ne s’en imposer aucune, rappelle les travaux d’éclaireurs du post-rock.
Pas étonnant donc que le groupe soit proche de Flying Saucer Attack (autre groupe anciennement shoegaze), ait joué en première partie de Pram ou ait fait un split avec Hood.
L’approche s’éloigne des canons rock habituellement rencontrés. Elle dessine une évidente beauté (les chants d’Isabelle conservant leur pureté) mais qui n’arrive pas à cacher et à taire un profond malaise existentiel.Car des débuts shoegaze aux recherches de Carmine, c’est toujours cette même douleur, lancinante, qui finit par prendre aux tripes.
« Nous ressentons la création artistique (et même la création tout court) comme le reflet de la sensibilité de celui qui l'exprime, que ce soit à travers la musique, le cinéma, la poésie ». Et on revient dès lors toujours au même symptôme, qui a poussé le duo Isabelle et Julien à se lancer dans la musique : cette mélancolie tenace.
La quête de l’évasion permanente est un combat vain, et il n’y a rien de plus beau que d’entendre les plaintes de ces gens conscients de cette futilité.
Note : merci à Cocteaukid qui a permis à ce que ce groupe français ait place sur ce site.
Merci pour avoir publié la biographie que j'avais modestement faite pour ce groupe.
RépondreSupprimerJ'espère qu'elle aidera à entrenir les merveilleux souvenirs que le groupe apporte avec lui.
Très beau site et bonne continuation !
Salut Vic et merci pour ton commentaire. on continue notre "sacerdoce" de passeur...
RépondreSupprimerà une prochaine.
Beau blog. Merci...
RépondreSupprimerEric (basse ~91/94)
Salut Eric, content de te revoir.
RépondreSupprimerlaisse ton mail si tu veux que je l'envoie à Julien.