mercredi 5 novembre 2008

Popnews (biographie)



CARMINE

Carmine, groupe parisien du début des années 90, marqué par les premiers Sonic Youth, The Raincoats et autres Dog Faced Hermans constitue sans doute le plus grand trésor musical français existant. Et comme tous les trésors, il demeure inconnu du grand public et difficilement accessible. Guitares claires et dissonantes, textes lumineux servis par des voix de velours, batteries inventives (Et dieu sait que c’est rare), basses ondoyantes, autant d’éléments qui auraient dû propulser le groupe sur le devant de la scène loin devant les Dominique A, Mendelson et consorts. Mais victime d’une trop grande originalité, en avance sur son temps, le groupe avec les envoûtants " Fragmented Days", " Destruction of a heart" ou bien encore " Quadrille" n’a pas obtenu la reconnaissance et l’écho escompté malgré un succès critique des Inrocks jusqu’à Magic ! Pourtant jamais aucun groupe n’a su avec une telle pureté, une telle force exprimer des maux authentiques, créant une intimité, parfois un malaise qu’aucun déchiffreur musical digne de ce nom n’a su explorer. Ces lents arpèges (loin des supercheries post-rock) de guitares au bord du gouffre ordonnent un lieu imaginaire où tout n’est que calme, luxe et volupté. L’émerveillement est au cœur même de cette musique.


Si peu de choses à dire susurraient-ils, dommage que leurs chants se soient éteints, car ces voix insufflaient réellement la vie même. Il est à parier que dans quelques années, les auditeurs ayant eu l’opportunité de voir le groupe en concert ou du moins ceux qui auront acheté leurs disques, se sentiront comme des privilégiés, de ces privilèges comme celui enfant, que d’obtenir une friandise bien méritée. Pour ceux et celles qui seraient emplis de courage, leurs disques peuvent peut-être encore se trouver dans les magasins d'occasion… Pour les autres, Movietone pourra constituer un léger palliatif. Et encore, ces derniers jouent plus dans la cour d’une musique improvisée, composant à même la mer tandis que Carmine s’inspire de la vie la plus brute. Dialogues syncopés autour de chants/contre chants, ces divines mélodies joueront encore longtemps dans les têtes les plus réticentes.

Philippe

Chronique parue sur le site POPNEWS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire