dimanche 30 novembre 2008

english biography (1995)



The story of CARMINE started in September 1990 under the name of CANDLE. The band was originaly formed by Isabelle Andrès and Julien Retaillaud : Isabelle had already played in a few bands in Paris (but none of them very famous) and Julien was composing, alone in his small dorm room, until he eventually decided to look for other musicians with whom he could share his ideas about music.

For a whole year, CANDLE remained a simple "duo". Isabelle and Julien signed with LITHIUM, a French record company and recorded a mini-CD called "Beginning Blue" in November 1991. Described by the Melody Maker as "gloriously scratchy, blurred, stoned, hazy, disorienting, claustrophobic and enchanting", this EP attracted attention not only in France but also in England. It showed that, even influenced by Anglo-Saxon music (among which Sonic Youth and My Bloody Valentine to name two of them), a French groupe could still have a personal style, and be casually startling and surprising.

Just after the release of their "Beginning Blue" EP, Isabelle and Julien finally managed to find two other musicians who were able to understand and share their ideas and also to melt into the alchemy of CANDLE. Then, they prepared their first LP. Discovering that a Scottish band was already called CANDLE, they decided to change their name in CARMINE. In the meantime, they decided to create their own record company, KARINA SQUARE, and released their first album "Visual" under their label in May 1993. With this LP, CARMINE intended to express their own sensitivity and feelings in their music ; they have accomplished it with this very personal 12 titles album. These songs, "fleeding and fascinating as drops of quick silver" according to a journalist, are conceived as the expression of interior images, whence the album title. The ambiance of Visual has been described by the French press as "bewitching and disturbing", "quiet and oppressive", on the verge of a waking dream.

Then, April 1994 sees the release of the "A larger Sea" EP, that comes from a collaboration between KARINA Square and the Spanish record label Acuarela. On this record, CARMINE still uses the guitars as a basis for bitter-sweet melodies and disonance experimentation but now the introverted guitar strum is brightened by flute and violin filigree and interwined fragile female and sullen male voices.

With their new LP, "Lumielle", released in May 1995, CARMINE have been streching farther the scale of their inspiration : the male and female voices answered to each other indifferently in French, English or German, the bass guitar is suddenly overpowered by a piano or a cello, the melodica or the vibraphone try to challenge the guitars... Bitter-sweet melancoly arises from time to time as Isabelle, Julien and Théo move from a soft-out of time song like "Tenebrae" to the iced violence of "So beautiful" or the sweetness of the violin on "Le sommeil", with only one creed to inspire them : emotion and sensitivity.

carmine play-list (1995)



Que fait CARMINE lorsqu'il a fini d'enregistrer son nouvel album "Lumielle"? : CARMINE écoute des disques.

Oui mais lesquels, quand et pourquoi? :

ROBERT WYATT "Catholic architecture"

A écouter en regardant le tableau de la pochette qui représente Wyatt dans son fauteuil, sa femme le regardant, au fond une plage et la mer derrière une baie vitrée. Croire alors qu'il a réellement enregistré ça dans sa boite en regardant la mer....

ARVO PART "Silouans song"

A écouter à moitié endormi en ne comprenant pas pourquoi ça s'arrête toutes les minutes puis risquer la crise cardiaque en se réveillant complètement à la troisième minute....Penser enfin que des violons peuvent être beaucoup plus violents que 10.000 groupes de hard-core.

SLINT "Washer"

A écouter entouré d'araignées géantes et féroces mais décider qu'on ira jusqu'au bout de la chanson sans se démonter, et s'apercevoir enfin que les araignées elles-mêmes sont subjuguées...

FUGAZI "Blue Print"

A écouter le plus fort possible en secouant la tête dans tous les sens et en n'ayant pas honte de faire la même chose que ces abrutis de fans d'OFFSPRING parce que, malgré les apparences, ça n'a rien à voir et que nous, on a raison.

YOUNG MARBLE GIANTS "N.I.T.A."

A écouter en état hypnotique et semi comateux, se laisser bercer par ces trois notes qui n'ont jamais été jouées et chantées de manière aussi profonde, léviter ensuite au-dessus du monde et le trouver bien vain.

ARCHIE SHEPP "Blasé"

A écouter en se faisant fouetter, trouver ça jouissif, se rassurer par la présence de ces deux accords de piano qui viennent et reviennent, se faire enfin achever pour son plus grand plaisir par un saxophone vicieux, strident et meurtrier.

NICK CAVE "The Whipping Song"

Une chanson à écouter en pleurant parce que c'est "une chanson pour pleurer", mais en se disant quand même qu'il n'y a pas de quoi pleurer sur Nick CAVE, puisqu'en fin de compte on écoute la chanson en boucle....

DOLLAR BRAND - Ibrahim Abdullah "Ntsikana's Bell"

A écouter en imaginant qu'on est dans un village d'Afrique, qu'Erik Satie arrive pour jouer du piano et que Pharoah Sanders ramène son orchestre. Se dire enfin que tout vient peut-être du blues!

DOG FACED HERMANS "From the top of the mountain"

A écouter en dansant follement et en ne sachant plus très bien si on est à New York à un concert d'Ornette COLEMAN et de SONIC YOUTH, en Ecosse devant une petite fille qui chantonne ou en Turquie devant un vieil orchestre kurde.

MECCA NORMAL "Throw Silver"

A écouter en se rappelant d'un concert ou d'une cérémonie indienne, on en sait plus très bien....Il y avait alors des choristes qui se lamentaient, un guitariste fou, une voix de sirène, du bruit, de la fumée, un silence de cérémonie, une troupe d'indiens qui formaient des cercles, des milliers de tambours qui se répondaient à travers les montagnes, de la grâce, de l'énergie lares, des animaux déchaînés, et puis...en fait il n'y avait là qu'un homme et une femme, seuls tous les deux.

lundi 24 novembre 2008

Magic articles/interview (1992/1995)

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1 - Article paru dans le hors-série anniversaire (1990-2000) de la revue Magic



2 - En 1995, la revue Magic propose à Carmine une "Figure libre".
Ils vont en profiter pour écrire leur carnets de bord du 11 novembre 1994 jusqu'au 10 août 1995 c'est-à-dire de l'enregistrement de l'album Lumielle jusqu'à la préparation des concerts pour la sortie de l'album.
(paru dans le n°4 en Septembre 1995)





3 - Interview parue dans la revue Magic Mushroom n°5 à l'automne 1992.




Hyacinth interview (1993)

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- Cette interview est parue dans le n°11 du fanzine Hyacinth -

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dimanche 23 novembre 2008

Le Tatou Colérique - interview (1994)

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- Interview parue dans le n°2 du fanzine Le Tatou Colérique (1994/1995) par A.M





































samedi 22 novembre 2008

Superstars zine - interview (1996)

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- Interview parue dans le fanzine Superstars n°3 en 1996 -





















jeudi 20 novembre 2008

Prémonition interview (1993)

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Interview parue dans la revue Prémonition n°12 en février 1993 par Laurent Caillet



mercredi 19 novembre 2008

Photographies (1993)

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Cette série de photographies a été prises en 1993 avec la première formation du groupe :
Julien Retaillaud (guitare/chant), Isabelle Andres (guitare/chant), Eric Jumbert (basse) et Nicolas Gaultier (Batterie).




























mardi 11 novembre 2008

Interview - fanzine (1995)



1. Le groupe a été formé en septembre 1990 (sous le nom de CANDLE) par Isabelle Andès et Julien Retaillaud. Isabelle avait déjà joué avec d'autres groupes sur Paris, mais dont la musique ne correspondait pas tout à fait à ses attentes, Julien faisait de la musique tout seul de son côté et avait décidé de chercher des gens qui partageaient ses goûts musicaux et ses aspirations. Une fois ce duo formé, nous avons continué à chercher d'autres musiciens, mais il était difficile de trouver des gens qui partageaient nos idées en matière de musique. En même temps, nous avons été contacté par le label français LITHIUM, qui nous a proposé d'enregistrer un maxi. Ce n'est qu'après l'enregistrement de Beginning Blue que nous avons rencontré Eric (basse) et Nicolas (batterie). Le LP "Visual" a donc été enregistré avec eux et est sorti en mai 1993. En décembre, Nicolas a quitté CARMINE et a été remplacé par Théo, qui joue sur le single "A Larger Sea" enregistré pour Acuarela.

2 et 3. Quand nous avons commencé à jouer, nous avions bien sûr une idée de la manière dont nous voulions sonner. Nous étions cependant cependant à l'époque assez influencés par toute la vague noisy pop. C'est donc au fur et mesure que nous avons expérimenté d'autres sons, tout d'abord au niveau de la guitare en abandonnant partiellement la distorsion, puis avec l'ajout d'autres instruments. Avec Visual, nous pensons effectivement être arrivés à un son personnel, qui correspondait plus à ce que voulions faire, mais nous continuons encore et toujours à expérimenter d'autres directions. Nous n'avons pas d'idées fixes et préconçues de la manière dont il faut sonner : nous nous laissons porter par notre inspiration du moment.

4. Beginning Blue, qui est sorti en mars 1992, a eu un certain nombre de répercussions favorables, non seulement en France, et mais aussi en Angleterre, où il a été chroniqué très favorablement dans le Melody Maker. En France, c'était l'époque de l'émergence d'une nouvelle "scène" et de nouveaux groupes français, et il y avait un intérêt relativement fort de la part de la presse musicale vis-à-vis de ces nouveaux groupes.

5. Nous étions très contents de découvrir qu'il y avait un autre groupe appelé CANDLE car il y avait déjà un certain temps que ce nom ne nous plaisait plus ; ça nous a donc donné une très bonne occasion pour le changer!

6. Nous avions déjà eu quelques accrochages avec LITHIUM concernant la sortie de "Beginning Blue" (pochette non conforme à nos souhaits, problèmes sur la promotion...). Après Beginning Blue, ces désaccords ont continué à s'amplifier : nous ne comprenions pas qu'un label soit-disant indépendant veuille nous imposer des contraintes d'une major (choix des titres pour l'album, critique du mixage, etc). Nous avons donc fini par nous brouiller définitivement avec eux. Après cette expérience, nous étions donc plutôt déçus et assez méfiants vis-à-vis des autres labels dits indépendants. Il nous a donc semblé que la meilleure solution pour garder la maîtrise de nos chansons était de créer notre propre label.

7 et 8. Avec "Visual" nous avions effectivement la volonté de rompre avec certaines de nos influences de départ, mais surtout de nous laisser aller à différentes démarches. D'où la simplicité des chansons comme "Fragmented Days", ou au contraire l'expérience d'une chanson de dix minutes composée de multiples parties comme "Destruction of a heart". Le son de l'album se caractérise essentiellement par un refus des effets faciles et par une certaine radicalité.

9. Nous sommes effectivement déçus de ne pas avoir vendus plus d'albums. Mais de manière générale, les autres groupes faisant ce type de musique n'en vendent pas plus. Malheureusement, il semble qu'après une période d'intérêt pour le caractère nouveau de l'émergence de cette scène, les gens et la presse continuent plus à s'intéresser à la musique anglo-saxonne qu'à ce qui se passe en France. De plus, le nombre de labels et de distributeurs indépendants restant très réduits, ainsi que les endroits où faire des concerts, il est donc difficile de faire la promotion de ces groupes.

10. Tout dépend de ce qu'on appelle la scène indépendante. Il est vrai qu'aujourd'hui la majorité des groupes font du rock alternatif ou de la world music. Les groupes du même genre que CARMINE sont relativement rares et le public pour ces groupes est donc effectivement peu nombreux.

11. Nous ne nous considérons effectivement pas comme de joyeux lurons!! Ainsi, notre musique reflète l'état d'esprit mélancolique qui est souvent le nôtre. Cependant parler de "martyrs" semble un peu exagéré!!

12. Au départ les gens de Acuarela nous avaient proposé de remixer une chanson de l'album. Mais, d'une part cela était impossible pour des raions techniques, et d'autre part nous ne voyions pas l'intérêt de le faire. Enfin, nous avions tout simplement trois bonnes chansons à enregistrer à l'époque!!!

Nous étions bien sûr très touchés que des gens s'intéressent à notre musique hors de France. C'était de plus pour nous la première occasion de sortir un disque vinyl.

13. Nous ne voulons pas donner un sens trop précis à nos chansons et nous utilisons les mots autant pour leurs sonorités que pour leur sens : A larger sea nous semblait tout d'abord un beau titre. Néanmoins ce titre et les paroles de la chanson peuvent effectivement être interprétés de cette manière.

14. En tant que musiciens, nous nous intéressons bien sûr aux autres formes d'art, que ce soit la littérature, la poésie ou le cinéma. Cependant nous ne sommes pas des spécialistes de poésie!!! De toute façon, écrire un texte de chanson n'est à notre avis pas la même chose qu'écrire une poésie, dans la mesure où les textes des chansons doivent s'intégrer dans l'environnement musical et participer à l'atmosphère de la chanson (ce qui n'est cependant pas une excuse pour écrire n'importe quoi!).

15. Vous devriez poser cette question aux dirigeants de 4AD! Il est de toute façon pratiquement impossible pour un groupe français de signer avec un label anglais ou américain, et c'est peut-être une fatalité...

17. Nous écoutons presque de tout : de la musique classique avec Debussy ou Satie, du jazz avec John Coltrane, Pharoah Sanders ou Mac Coy Tyner, et du rock sous toutes ses formes, de Tim Buckley à Lydia Lunch, des Smiths à Birthday Party, de Nick Drake à Slint, de Mecca Normal à Dog Faced Hermans, ....

En ce qui concerne les groupes français, nous n'aimons pas grand chose, même si certains groupes ne manquent pas d'intérêt.

18. Nous n'aimons pas spécialement Stereolab. De plus, les quelques groupes anglais qui chantent quelques chansons en français peuvent se le permettre car cela apparaît en Angleterre comme une touche de fantaisie et d'exotisme. Nous ne pensons pas que cela puisse vraiment promouvoir les groupes français.

19. Tout d'abord, nous n'écrivons pas de textes à messages!!! Ce n'est donc pas très grave si les auditeurs n'en comprennent pas toujours le sens. Pour nous le plus important est que les textes se fondent, par leur sonorité en particulier, dans la musique et l'atmosphère générale de la chanson. De toute façon, vous pouvez remarquer que nous donnons sur les pochettes les textes écrits, ce qui permet quand même aux gens qui le souhaitent de les traduire.

20. Désolé, nous connaissons très mal Bark Psychosis.

21. La musique de Pram étant assez proche de la nôtre, ce fut une des rares fois où nous avons pu jouer devant un public réceptif. C'était une bonne occasion.

22. Comme nous l'avons dit concernant "Visual", nous ne voulons pas avoir d'idées préconçues sur ce que doit être notre prochain album. C'est pour le moment un ensemble de chansons que nous trouvons satisfaisantes. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'il ressemblera plus à Larger Sea qu'à Visual et qu'on y entendra de nouveaux instruments.

Junior fanzine - interview (1995)



CARMINE - INTERVIEW POUR LE FANZINE JUNIOR - JUIN 1995

1. L'évolution entre le son de Visual et celui de Lumielle provient tout d'abord de la différence de conditions d'enregistrement entre les deux albums : VISUAL a été enregistré en 8 pistes chez nous, nous avons tout fait nous-mêmes et pris pas mal de temps pour l'enregistrer, à la différence de Lumielle, que nous avons enregistré en studio 24 pistes.

Mais au-delà de ces différences de conditions matérielles, il faut voir que deux ans séparent ces deux albums. A l'époque de Visual, nous étions très préoccupés par le son des guitares et nous expérimentions le maximum de sonorités "spéciales".

Avec Lumielle, nous voulions quelque chose de plus ample et de plus acoustique au niveau de la batterie et des guitares, et de manière générale quelque chose de plus direct et de plus simple, ceci étant contrebalancé par le fait d'utiliser beaucoup plus d'instruments comme le balafon, le violon, les percussions, etc.

2. Nous sommes sûrement influencés par un tas de choses (et toutes ne sont forcément d'ordre musical) mais cela est devenu inconscient pour nous. Au risque de paraître prétentieux, nous avons plutôt l'impression que c'est le fait de ne plus analyser les différentes choses que l'on peut écouter qui nous a fait évoluer. Bien sûr au début, quand on adore quelque chose, on a tendance à le décortiquer et à s'en inspirer très directement. Mais depuis VISUAL, nous avons écouté un certain nombre de choses qui nous ont certainement influencés, mais en même temps pas de manière forcément évidente à l'écoute de nos chansons : quelques trucs fabuleux dans le jazz comme Pharoah Sanders ou MacCoy Tyner, nous avons également adoré Mecca Normal et Dog Faced Hermans, de la musique classique, contemporaine (Arvo Pärt) ou pas, nous avons également redécouvert Les Raincoats ou Robert Wyatt....

3. Est-ce que tu parles du concert que nous avons fait à Bordeaux en avril 1994? Mais tout d'abord qu'est-ce que la "new wave"? Est-ce que c'est censé être une injure? (a priori oui dans les milieux popisants). Si tout ce qui est un peu hors normes actuelles (pop, grunge, hard-core), alors oui, pourquoi pas, nous sommes new-wave (ou tout du moins new, ça c'est sûr).

4. Il faudrait savoir, on est "new wave" ou "avant-garde allemande des années 70"? Il faut bien avouer qu'en donnant une référence aussi évidente, il fallait s'attendre à ce que les journalistes se ruent dessus. A vrai dire, pourquoi pas? Nous ne pouvons pas nier adorer certains morceaux de CAN mais de là à dire que Lumielle ressemble à TAGO MAGO, il y a là une audacieuse construction de l'esprit (et de l'oreille!) qui nous laisse perplexes.

5. En fait, c'était une assez vieille idée, car nous adorions ce morceau et la manière dont les Flaming Demonics le jouaient. Nous pensons que c'était l'un de leurs meilleurs morceaux et nous avons toujours regretté qu'ils ne l'aient pas enregistré. En même temps, c'était un des morceaux les plus riches, avec sa base mélodique (qui n'était pas toujours perçue comme telle) servant de support à toute la rage et tout le désespoir de cette chanson. Nous sommes partis de cette base mélodique pour nous "réapproprier" la chanson, tout en essayant de conserver l'esprit, et en toute modestie, nous sommes contents de cette version, et aussi que ce titre figure finalement sur un disque.

6. Nous avions avec VISUAL l'impression d'avoir été assez loin dans le travail sur les guitares électriques et les sonorités étranges que l'on pouvait en tirer. En plus, ce fut une démarche naturelle que d'aller dans d'autres directions : utiliser des instruments inusités (en tous cas dans le "rock"), inventer des arrangements de cordes, chanter en français ou dans d'autres langues que l'anglais.... Quant à trouver des raisons à cette évolution, il nous semble que c'est plutôt une question d'envie de découvrir , d'essayer d'autres choses ...

Ceci dit, les guitares sont toujours bien présentes sur scène.

7. C'est une guitare acoustique sur laquelle nous avons installé trois cordes graves, qui sont jouées à l'archet, ce qui donne une sorte de violoncelle, en plus rugueux et un peu moins harmonieux. En tous cas, tu es la première personne à nous poser la question, jusqu'à présent, nous croyions que tous ceux qui ont écouté le disque avaient un guitaroncelle chez eux, vu le peu de curiosité que cela a suscité.

8. Comme nous l'avons déjà dit, Lumielle est le fruit d'une évolution sur deux années, qui s'est faite naturellement et sans préméditation consciente de notre part. Nous voulions surtout que les chansons soient plus simples (ou plus directes), plus faciles à aborder, en tous cas en premier lieu pour nous même, nous voulions quelque chose de plus spontané, sur lequel on s'est finalement moins posé de questions que pour Visual. Dans cet état d'esprit, comment savoir vers où l'on veut aller?

Quant à notre idéal de musique, il est souhaitable que l'on ne l'atteigne jamais, si on veut continuer à faire des disques!!!

9. Effectivement les deux voix sont généralement indépendantes. Chacun compose sa mélodie de voix et nous jouons souvent à les enregistrer séparément, sans que l'un entende la mélodie de l'autre. Au final, nous écoutons le résultat, quelquefois tout à fait décevant, mais souvent c'est une surprise pour nous-mêmes. Cependant, une fois les mélodies de voix fixées, les paroles sont composées en tenant compte des deux voix ensemble.

10. Enfin quelqu'un qui a écouté le disque jusqu'au bout!!! Comme jusqu'à présent, aucune chronique ne mentionnait ce morceau (même les plus élogieuses!), nous commencions à nous poser des questions. A vrai dire, il n'était pas prévu au départ de mettre ce morceau sur l'album. C'était une improvisation faite en répétition et nous avions envie de l'enregistrer en studio pour nous-mêmes, si nous en avions le temps. En définitive, bien qu'enregistré très rapidement en "live" et en improvisation à 60%, nous en étions très contents et avons donc décidé de la mettre en fin d'album. Le titre que nous lui donnons entre nous est "Pharoah Tyner" ; en effet, c'est typiquement un morceau dans la veine de ce qu'a pu faire MacCoy Tyner dans les années 70 : une basse répétitive, des couches successives de piano mi-mélodiques mi-dissonantes et des percussions.

Si nous avons "caché" ce morceau, c'est parce qu'il représente plus un hommage à ce type de musique qu'à une chanson "carminienne". En premier lieu, ça nous faisait plaisir de l'inclure et nous espérons qu'il pourra intéresser et surprendre certaines personnes qui ne s'attendaient pas à ce genre de morceau de notre part.

11. L'avantage de Stefan EICHER est de vendre beaucoup plus de disques que nous!!!!

A nos débuts, il nous semblait naturel de chanter en anglais, qui était la langue de tout ce que nous écoutions. De plus, l'idée était de privilégier la sonorité sur le sens, ce qui est beaucoup plus facile avec l'anglais et avec une langue autre que la langue maternelle. Sur cet album, nous avions envie d'introduire un peu de "sens" tout en conservant l'aspect "sonorité" et nous voulions donc chanter une bonne partie des chansons en français, d'autant plus qu'il nous semblait que notre musique s'y prêtait plus naturellement sur Lumielle. Quant à la chanson en allemand, elle n'était absolument pas préméditée. C'est en écoutant l'ébauche de guitare qu'Isabelle a instinctivement pensé à ce texte de Paul CELAN, grand poète que nous apprécions particulièrement. Elle a commencé à chanter les paroles dessus et la chanson a été composée en une demi-heure (un record pour nous!)

Notre idée consiste en fait à trouver un équilibre entre sens et sonorité des mots : ensuite, le choix de la langue en découle et n'est limité que par notre connaissance des langages (ainsi, il est fort peu probable que CARMINE chante un jour en Russe, en Gaëlique ou en Navajo mais pourquoi pas en Espagnol, ....). De plus, nous faisons avant tout de la MUSIQUE, et ceci nous séparera toujours de la "chanson française", car pour nous tous les éléments, y compris la voix et le texte, doivent s'imbriquer les uns dans les autres, et s'il fallait mettre quelque chose en avant (ce que nous ne voulons pas), ce ne serait sûrement pas la voix et les paroles (ce qui ne veut pas dire, attention, que nous n'y attachons pas d'importance et que nous ne les travaillons pas).

De toute façon, il est assez amusant de voir que ceux qui à l'époque de Visual nous reprochait de ne pas chanter en français, aujourd'hui ne s'intéressent absolument pas aux textes du Sommeil, de Quadrille ou de Résonance du vide (ne serait-ce que pour dire qu'ils sont complètement nuls....). Comme quoi, le critique musical est un animal imprévisible.

12. C'est moins un credo qu'une démarche naturelle. Nous ressentons la création artistique (et même la création tout court) comme le reflet de la sensibilité de celui qui l'exprime, que ce soit à travers la musique, le cinéma, la poésie. Ensuite, on est bien sûr plus sensible à certaines formes de cette expression qu'à d'autres. Mais à la limite, nous nous sentons plus proches au niveau sensibilité et émotion de certains écrivains ou cinéastes que de musiciens : c'est plus ce qu'on exprime qui compte que le medium par lequel on l'exprime.

Mais c'est vrai que nous aimons afficher ou cacher des références aux artistes que nous aimons : "afficher" dans le cas de Tenebrae, poème de Paul Celan, "cacher" dans le cas de F.I.R.M. (essaie de comprendre le texte parlé d'Isabelle sur la fin de la chanson....)

13. Ton interprétation est très jolie et nous plaît beaucoup. C'est certainement ce que nous répondrons à l'avenir quand on nous interrogera sur nos pochettes. Très sincèrement, nous avions plutôt voulu sur Lumielle rompre avec nos précédentes pochettes. La photo extraite du film "Une Page Folle" (film japonais muet des années 30) nous plaisait beaucoup par elle-même et nous semblait en plus traduire un peu l'esprit de notre musique (le sourire mais figé, la danse mais désarticulée, en un mot une ambiguïté douce-amère). En tout cas, nous accordons beaucoup d'importance à la pochette et nous sommes contents que tu aies fait de même en y donnant ta propre interprétation.

14. Le mode de fonctionnement de CARMINE a toujours été un peu compliqué et surtout mal compris. Carmine est composé à la base de deux personnes – Isabelle Andrès et Julien Retaillaud - qui composent ensemble l'intégralité des morceaux (et en ceci, nous n'avons pas l'impression d'être fondamentalement différents de la plupart des groupes). Nous avons enregistré Visual avec Eric Jumbert (basse) et Nicolas Gaultier (batterie) qui nous accompagnaient sur scène à l'époque, pour avoir l'énergie d'un groupe. Mais, même si nous avions (et avons toujours) des liens amicaux et humains avec eux, il s'agissait essentiellement de nous donner un coup de main. Avec Théo Jarrier, les choses vont plus loin, et de manière plus naturelle, en ce sens que Théo s'implique plus dans la musique et qu'il nous a apporté beaucoup aussi bien musicalement (par sa manière de jouer ou par des musiques qu'il nous a fait découvrir) qu'humainement. Ceci dit, sur scène, nous continuerons à jouer avec d'autres personnes (probablement 2 ou 3 autres), qui sont des amis et s'intéressent au groupe, mais n'interviennent pas dans la composition des morceaux.

15. En fait pas du tout. Effectivement, cette chanson sonne plus "pop" que le reste mais nous l'aimons beaucoup. De toute façon, nous n'attachons pas beaucoup d'importance au "genre" et trouvons idiot que les gens s'attendent d'un groupe à ce qu'il se cantonne dans un domaine musical et se désintéressent de tout ce qui peut en sortir. Ainsi chez nous, nous composons beaucoup de choses qui peuvent sonner différemment et les sélectionnons ensuite si elles nous plaisent vraiment et pas si elles rentrent dans le critère "chanson carminienne". D'où "Today is a wide place", d'où une pop-song bricolée d'1'30 qui va bientôt sortir sur un split single américain mais d'où aussi "Destruction of a heart" qui dure plus de 10 minutes et toutes les autres!

16. C'est un sujet sur lequel nous n'avons pas vraiment envie de revenir. Les raisons de cette rupture ne regardent que LITHIUM et nous-mêmes. D'un côté, c'est sûrement moins facile pour nous de se débrouiller tous seuls, sans le secours promotionnel et commercial que nous aurions eu sur LITHIUM, d'un autre côté, nous jouissons certainement de plus de liberté et le fait de se retrouver confronté à cette situation a certainement eu le mérite de nous faire mûrir et évoluer plus vite.

17. Voilà l'un des avantages de notre indépendance : nous pouvons avoir des projets!!! Sur KARINA SQUARE, nous avons déjà sorti un 45trs de READING STREET et nous comptons d'ici la fin de l'année sortir deux albums : l'un d'un groupe anglo-américain inconnu, mais dont les membres le sont moins (étant encore en négociation avec eux, nous ne pouvons en dire plus pour l'instant), l'autre étant le premier album de KIM, qu'il va enregistrer cet été. Quant à CARMINE, nous avons quelques projets de 45trs avec des labels étrangers, et bien sûr nous commençons à réfléchir à notre prochain album.

PLAY-LIST

JULIEN

ARVO PART - Arbos

LEO FERRE - Il n'y a plus rien

ARCHIE SHEPP - Blasé

ABDULLAH IBRAHIM (DOLLAR BRAND) - The Pilgrim

DOG FACED HERMANS - Those deep buds

HEMS - Album à paraître

PRAM - Helium

NICO - The marble index

ISABELLE

KIM - Groove the MK theme

BIRTHDAY PARTY - Sonny's burning

MECCA NORMAL - Throw Silver

RAINCOATS - No one's little girl + Odyshape Lp

JACOBITES - Big Store

DIED PRETTY - Next to nothing Ep

HANGMAN'S BEAUTIFUL DAUGHTER - Love is blue

PRETTY THINGS - The sun

SUICIDE - Ghost Rider

SWELL MAPS - Read about Seymour

THEO

FUGAZI - 13 songs

GOZ OF KERMEUR - Irondelles

KEITH JARRETT - Survivor's Suite

SLINT - Spiderland

MCCOY TYNER - Sama Layuca

PHAROAH SANDERS - Thembi

ROBERT WYATT - Dondestan

mercredi 5 novembre 2008

Popnews (biographie)



CARMINE

Carmine, groupe parisien du début des années 90, marqué par les premiers Sonic Youth, The Raincoats et autres Dog Faced Hermans constitue sans doute le plus grand trésor musical français existant. Et comme tous les trésors, il demeure inconnu du grand public et difficilement accessible. Guitares claires et dissonantes, textes lumineux servis par des voix de velours, batteries inventives (Et dieu sait que c’est rare), basses ondoyantes, autant d’éléments qui auraient dû propulser le groupe sur le devant de la scène loin devant les Dominique A, Mendelson et consorts. Mais victime d’une trop grande originalité, en avance sur son temps, le groupe avec les envoûtants " Fragmented Days", " Destruction of a heart" ou bien encore " Quadrille" n’a pas obtenu la reconnaissance et l’écho escompté malgré un succès critique des Inrocks jusqu’à Magic ! Pourtant jamais aucun groupe n’a su avec une telle pureté, une telle force exprimer des maux authentiques, créant une intimité, parfois un malaise qu’aucun déchiffreur musical digne de ce nom n’a su explorer. Ces lents arpèges (loin des supercheries post-rock) de guitares au bord du gouffre ordonnent un lieu imaginaire où tout n’est que calme, luxe et volupté. L’émerveillement est au cœur même de cette musique.


Si peu de choses à dire susurraient-ils, dommage que leurs chants se soient éteints, car ces voix insufflaient réellement la vie même. Il est à parier que dans quelques années, les auditeurs ayant eu l’opportunité de voir le groupe en concert ou du moins ceux qui auront acheté leurs disques, se sentiront comme des privilégiés, de ces privilèges comme celui enfant, que d’obtenir une friandise bien méritée. Pour ceux et celles qui seraient emplis de courage, leurs disques peuvent peut-être encore se trouver dans les magasins d'occasion… Pour les autres, Movietone pourra constituer un léger palliatif. Et encore, ces derniers jouent plus dans la cour d’une musique improvisée, composant à même la mer tandis que Carmine s’inspire de la vie la plus brute. Dialogues syncopés autour de chants/contre chants, ces divines mélodies joueront encore longtemps dans les têtes les plus réticentes.

Philippe

Chronique parue sur le site POPNEWS